COMPTE-RENDU OFFICIEL N°2

Lille, le 15 décembre 2009
Objet : commande publique / réalisation d'une oeuvre d'art pour le foyer d'hébergement (EPISOME) de Monthureux-sur-Saône.
Eclairage N°2.

   Bonjour Madame, Bonjour Monsieur,
Depuis le mois de septembre, vous suivez le cours du projet artistique que je mène au foyer d'hébergement pour personnes handicapées, à Monthureux- sur-Saône. Vous savez désormais comment je travaille : j'alterne les séjours en immersion à l'EPISOME, et les sessions de travail à mon domicile. Pendant les périodes d'immersion, je photographie, je dessine. Les résidents m'accordent des entretiens, que j'enregistre.
Chaque nouvelle visite au foyer augmente la quantité de matière collectée (j'arrive aujourd'hui aux alentours des 2000 photos, et je ne compte plus les heures d'enregistrement). Pendant les sessions de travail à domicile, je reviens dans cette matière, je la trie, je la retravaille, pour réaliser l'oeuvre que vous m'avez commandée.
Depuis septembre, le projet évolue et se précise en fonction de mes interlocuteurs, les résidents du foyer, en fonction des attentes que formule la chef de service, Madame Deflesselle, au nom de l'équipe et au nom des résidents, en fonction de la parole que porte Maryse Moreau, à chacune de nos rencontres.
De ces convergences, deux pistes claires se dégagent : OUVRIR le foyer vers l'extérieur REDONNER aux résidents la matière qu'ils m'ont confiée, transformée.
Chaque résident dit son histoire à sa manière. Pour certains, ce sont quelques mots, ou bien uniquement des gestes, des sons. Pour d'autres, ce sont de longs récits. Je compose avec ces poétiques : les structures des histoires que l'on me confie sont hétérogènes – esquisses mouvantes, rythmiques signifiantes, dessins marmonnés, balancements appuyés, errances des corps, des regards, rituels adressés, etc. C'est avant tout un quotidien que nous vivons ensemble : des relations se nouent, je les retranscris au mieux de mes outils et de ma subjectivité.
Partant de ces présences, parfois sibyllines, j'ai aujourd'hui acquis la certitude que la forme la plus adaptée pour retransmettre ces histoires mêlées, ces vies, est un film/diaporama, qui mêle images (dessins, photographies) et sons (entretiens enregistrés, compositions musicales).
Forte de mon expérience passée, en maison de retraite et ailleurs, je sais déjà que le travail est loin d'être fini : il s'agit pour moi de donner son temps à la dernière phase de réalisation, celle de la mise en forme.
J'estime le temps de travail restant à trois mois (janvier-mars) : archivage et mise en perspective des données collectées, écriture du script, réalisation et montage de séquences dessinées (animation), réalisation et montage des séquences photographiques (diaporamas), sélection et montage des séquences audio, composition musicale (bande-son). Pour réaliser cette bande-son, je travaille avec un musicien, Raphaël Godeau.
Voici les stratégies que nous avons retenues pour OUVRIR et REDONNER ce travail :
Réaliser un film/diaporama qui parle autant au habitants du foyer qu'aux « étrangers » : un objet rythmique, poétique, qui raconte le quotidien à l'EPISOME. Les objets (dessins, photographies, marionnettes, enregistrements sonores, etc.)qui auront servi à réaliser ce film seront redistribués aux résidents : une oeuvre par personne (50 personnes vivent au foyer). Chaque oeuvre sera signée et remise à son propriétaire lors d'une cérémonie officielle, publique, qui aura lieu dans le village de Monthureux-sur-Saône (avril?). Ainsi, les habitants du foyer détiendront les objets que j'ai réalisés en les rencontrant. Cette cérémonie publique sera l'occasion d'exposer les oeuvres remises aux résidents et de projeter le film/diaporama.
Par ailleurs, pour avancer conjointement et à distance pendant les mois de janvier à avril, j'ai mis en place un blog (http://foyers88.blogspot.com) qui permettra aux diverses personnes qui prennent part au travail en cours de communiquer sur les avancées de ce projet : L'EPISOME, le CG88 et moi-même. Ce blog sera à la fois un outil de travail et un moyen de communication. Il permettra de donner de l'ampleur au projet, d'étoffer ses différents aspects (social, culturel, artistique), de mettre à jour un processus de mise en relation entre différents pôles de travail.
Enfin, dans la perspective de faire voyager cette expérience singulière, Madame Deflesselle, chef de service à l'EPISOME, a d'ores et déjà engagé notre participation à la semaine de la santé mentale, du 15 au 21 avril 2010, dans les Vosges (très certainement sous la forme d'une projection).
Sincères salutations,
Marie Bouts


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